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NUMERO
99 - DU 8 au 21 AOUT 2002
QUE VEUT ON FAIRE DU FRIOUL ?
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LA SOLUTION VERTE
En
30 ans, on aura tout projeté sur le frioul. Aujourd'hui,
avec 600 000 visisteurs annuels, l'archipel a besoin d'autre chose
que du vent.
"Aujourd'hui,
au Frioul, on a arreté de rêver, il y a des gens
qui travaillent..." Un vent nouveau soufflerait il sur l'archipel
pour qu'un îlien fasse enfin preuve, 26 ans près
le projet Defferre, d'un brin d'optimisme ? Jean Pierre Dirig,
frioulais à temps plein depuis 1992, et président
de l'association des plaisanciers du Frioul (APF), rappelle pour
le bémol, les années - pas si lointaines - "ou
il ne se passait rien: pas un arbre taillé, pas d'arrosage..."
Car au Frioul, d'expérience, rien cest déjà
beaucoup...
occuppé
à se baigner ou à se balader sur les 200 hectares
de Pomègues et Ratonneau, le visiteur (jusqu'à 600
000 personnes par an) n'est pas forcément frappé
par la révoution de Pantoufles dont il est ici question.
Avec les projets mirifiques qui se sont succedé en trente
années sur l'île, le Marseillais s'attend, au minimum,
à des changements visibles.
Rapide
tour d'horizon. En 1970, quand Gaston Deferrer achète le
Frioul à la Marine nationale, il a l'ambition d'y ériger,
ex nihilo, le 112eme quartier de Marseille, avec ses 2300 logements,
ses 1500 anneaux de port et tous les équipements qui vont
avec (écoles, services publics...) au final, moins de 400
appartements seront construits à partirde 1976 et le projet
sera tronqué. Enterrées aussi les idées farfelues
d'un Club Med dans l'Hopital
Caroline, d'un palais des congrès, d'un centre de thalassothérapie,
d'un Disney world sous marin....En 1988, Jean Roatta, le toujours
maire darrondissement des 1er et 7eme, vantaient déjà
les mérites de l'île et son potentiel en y projetant
un hôtel 3 etoiles, une école d'ULM et un toboggan
sur la mer. Sans compter un héliport pour mettre l'île
"à deux ou trois heures de n'importe quelle capitale
d'Europe", comme s'enthousiasmait le Méridional
d'alors. Autant de projets morts dans l'oeuf et autant de décus
du Frioul. "Ceux qui avaient joué la carte de la
résidence principale sont tous partis", estime
Pierre Pigeat, chef de la station pilotage du Frioul depuis 21
ans. "Pour vivre ici, il faut être rat, pilote ou
gabian !", poursuit son collègue, en plaisantant.
Ils sont environ 160 à avoir pourtant choisi cette vie,
marginale par essence. "Ca ne s'explique pas résume
Jean Pierre Dirig. C'est juste formidable: aucune métropole
au monde ne dipose comme Marseille d'une île qui ne soit
pas un paradis pour miliardaires !". tous parlent de
cette traversée qui est déjà un voyage, de
ce village sans voiture (à quelques dérogations
près) où les enfants jouent tard dans la rue. Des
couchers de soleil sur la ville... Bref de la carte postale. Commentaire
d'Emmanuel Briquet, un des responsables de la ferme aquacole :
"A la limite,quand vous racontez ce que vous faites et
où vous êtes, les gens pensent que vous vivez un
rêve permanent....Un rêve difficile à vivre."
Car les inconvénients qui ont découragé les
premiers frioulais ne sont toujours pas résolus. Et le
nouveau Comité d'intérêt de quartier (CIQ)
fraichement élu, ne se gêne pas pour les pointer.
En tête, le transport île-continent, et ses horaires
et coûts peu compatibles avev une vie normale. Des Services
publics quasi absents (pas de police ni de médecins) ou
chaotique (le courrier, trié par Colbert est amené
bénévolement par la pilotine, a parfois jusqu'à
une semaine de retard...) "Le cout annuel de l'insularité
equivaut pour une société à un demi salaire",
affirme encore Emmanuel Briquet "mais c'est la rêgle
du jeu: on savait à quoi s'attendre en arrivant ici"
.
Du
beurre dans les épinards . S'ils ont cessé d'espérer
après deux décennies de sinistrose, les Frioulais
constatent à présent que des minuscules choses bougent
enfin. Sur la terre ferme, dans son petit bureau du Panier, france
Gamerre, l'adjointe au projet Frioul s'enthousiasme en empilant
les dossiers. "Regardez comme j'ai bien travaillé
l'an dernier!". Depuis 2001, l'archipel ferait en effet
partie des priorités de Jean-Claude Gaudin. Et en avant
garde du fameux "grand projet", une série de
petites améliorations a déjà fait du bien
à l'île. Au rang desréalisations: une rampeen
inox sur la digue du Berry, des barriérages en bois le
long du rivage, des sanitaires pour les visiteurs (encore insuffisants
mais propres), un poste de secours, une réfection en cours
des tarrains de sport, le raccordement au tout à l'égout
de la plage Saint Estève depuis deux saisons, et enfin
une grande opération d'enlévement des carcasses
("On a mêmetrouvé un chasse neige!"s'exclame
l'adjointe). L'évolution est plutot posisitve, juge Odette
Summa, directrice du Centre Léo lagrange
qui accueille plusieurs milliers de personnes chaque année.
"Les choses redémarrent, et on ressent de la bonne
volonté, autant du côté municipal que chez
les habitants."
Les
îliens concernés. Des haitants solidaires, qui
n'attendent une improbable manne municipale, mais semblent décidés
à agir, à l'image du président de L'association
Frioul, Un Nouveau Regard. "Nous venons de planter
240 pieds de lavande, que la ville achetés pour l'oddyssey
de la Cannebière et qu'elle nous a rétrocedé",
note le président gérard Prolhac. Un éxemple
parmi d'autres des activités de cette structure vieille
de deux ans et forte de plus de 200 adhérents: "Nous
ne sommes pas des aigris du Frioul, des critiques. notre principe,
c'est de faire, d'être dynamique". S'ils mettent
la main à a pâte, les îliens savent aussi interpeller
les politiques en les "convoquant"notamment à
des cellules de reflexion, très courrues par les élus.
Mi juillet, l'nesemble des associations s'est même fendu
d'une lettre commune au maire pour attirer son attention sur la
fréquentation es îles en été et le
développement des événements culturels "sans
qu'aucun service public, conséquent ne soit missionné"
pour la protection des biens et des personnes entre 18h30 et 14h30
le lendemain." Sur toutes les questions qui touchent
à l'avenir de l'île, ils déplorent en choeur
d'être peu consultés. Le 21 Septembre, le CIQ a d'ailleurs
pris l'initiative de conveir tous les acteurs du dossier autour
d'une table. "Je souhaite à la rentrée qu'on
réfléchisse tous ensembleà ce qui est réalisable
et ce qui ne l'est pas sur l'île", tranche Georges
Bourdarel, président du CIQ. Histoire d'enfoncer le clou
dans le nouveau réalisme ambiant.
VALERIE
SIMONET ET GILLES ROF
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