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DEJA SUR MARS

Le Sommaire complet du N°0002

N° 002 - AVRIL 2005

Marseille  Provence, le point météo

 

Le gabian vous salue bien

Le Sommaire complet du N°0002

 

 

 

CHER AMI, j’ai fait un rêve étrange. J’ai rêvé que j’étais au village, que je marchais dans la rue des Andalouses, que je passais devant l’église, que j’arrivais au boulevard de l’Ouest et, après une halte chez moi, je grimpais jusque chez toi. Je frappais à ta porte. Ta mère m’ouvrait et, sans son traditionnel sourire, ce qui me surprit, elle me disait : « Guellil n’est pas là ». J’ai retrouvé l’agenda sur lequel est noté, à la date du dimanche 24 juin 1962 : « Au revoir terre d’Algérie ». Une nuit, j’ai refait le même rêve. J’étais sur le boulevard du front de mer, lieu de notre «paseo » du dimanche après-midi, entre copains. Le soir venu, à la lueur des réverbères j’ai repris la rue des Andalouses, je suis repassé devant l’église, je ne me suis pas arrêté chez moi, j’ai poursuivi mon chemin et, arrivé chez toi, j’ai frappé. Ta mère m’a ouvert. Avec un inhabituel sérieux, « Guellil n’est pas là » m’a-t-elle dit. Sur l’agenda, en date du lundi 25 juin 1962 j’ai noté : « Écrire à Guellil pour qu’il aille chercher mon survêtement noir ». Une autre nuit, je me suis retrouvé au village. Les rues, les maisons, les gens, tout y était, avec une précision du détail stupé.ante. Rien de ce que j’avais quitté ne manquait. J’avançais d’un pas rapide, je transpirais, j’avais hâte d’arriver chez toi. Ta mère m’ouvrait. Avec une tristesse inaccoutumée, « Guellil n’est pas là » me disait-elle. Les jours, les mois, les années ont passé, je ne t’ai pas écrit. Puis est venu le temps où ce que j’avais fait la veille ou l’avant-veille ne s’imprimait plus dans ma mémoire. Par contre, le village, la rue, les copains, étaient de plus en plus présents, de plus en plus vivants… C’est alors que j’ai décidé de revenir au village. Une fois la date fixée, les billets d’avion en poche, un indicible bien-être égaya mon quotidien. J’attendais la nuit parce que je savais qu’en rêve je me retrouverai au village, j’irai directement chez toi, je frapperai à ta porte, ta mère m’ouvrira et, soucieux de lui faire partager mon bonheur, je lui dirai : « Dites à Guellil que je suis revenu ! » Des nuits, des jours, à penser à ce moment. Après quarante trois ans d’absence, je vais retrouver mon village, ses rues, mes copains. La mère de Guellil, radieuse, va m’ouvrir la porte. Son fils sera là. Ensemble nous irons chercher mon survêtement noir. Kader m’a écrit que tu ne serais pas au village pour m’accueillir parce qu’une longue et douloureuse maladie t’a emporté. Cette blague-là, mon copain, tu n’aurais jamais dû me la faire!

J.B.P.

 

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LE GABIAN VOUS SALUE BIEN

C’est donc moi qui vous cause : le Gabian. Pour être précis : le Gabian masqué. A Marseille, c’est pas - comme on dirait - l’oiseau rare, mais c’est comme ça : faut faire avec ce qu’on a.
Pourquoi trôné-je ici même, à la Une ? C’est le Red Chef qui en a décidé ainsi. « Tu voles haut et t’es partout ! » il a dit. Et d’ajouter : « Alors, forcément, t’as l’œil qui ratissage large. »
Pour faire quoi ? C’est encore lui qui parle : « Apporte-nous ce que personne ne voit ou que tout le monde voit sans s’émouvoir… le moins du monde, simplement parce que ça crève les yeux justement. Vas-y de ton ramage, c’est pas moi qui te reprocherais d’ouvrir trop ton bec. »
Il a dit ça par rapport à la censure. Comme quoi : rien à craindre. Et donc ça m’a branché. Alors j’ai signé avec le canard. On s’entend toujours entre volatiles.
Toujours est-il qu’il a bien investi sa confiance. Il sait que je sais tout ou presque. C’est naturel. Je serais un gabian sous d’autres cieux, je saurais ce que les gens là-bas ont dans le ventre. Pour ma nourriture, j’écume surtout les décharges, non !… si vous voyez ce que je veux dire
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