LA
MONDIALISATION est l’expression la plus perceptible d’un monde en mutation.
Les moyens fabuleux de communication modi.ent la perception de la planète et la
vie de ses habitants. Hommes, marchandises et capitaux circulent rapidement. Les
informations se propagent en une fraction de seconde d’un continent à l’autre.
Les limites territoriales sont désormais affranchies. Le monde du travail s’inscrit
désormais dans un nouveau modèle économique. On parle de village planétaire. Tous
nos repères sont changés. Comment
répondre aux multiples défis induits par ces bouleversements ?
Comment
rrépondre à ces défis ?
Refuser l’évidence de cette évolution au nom des acquis antérieurs n’empêchera
pas le développement mondial de l’économie. Au lieu de durcir les positions, il
convient de rechercher les nouvelles possibilités qui nous sont offertes. Choisir
une orientation qui autorise un essor économique tout en préservant l’équilibre
social du pays. La question est de savoir quel est le pouvoir de l’Union Européenne
face à l’ampleur du phénomène ? L’Europe, premier partenaire du commerce international,
a af.ché son ambition de réguler les échanges mondiaux dès les années 80. « Pure
chimère ou objectif réaliste ? », s’interroge le professeur Bourrinet. « Face
à la toute puissance des États- Unis, aux économies émergentes comme la Chine
ou l’Inde qui ne tolèrent aucune entrave à leur expansion, face à la résistance
de certains pays en développement, il n’y a pas de gouvernance économique mondiale
à laquelle se référer. » Pourtant l’Europe s’est investie dans la mise en place
de politiques d’accompagnement pour tenter de réguler un phénomène nouveau que
nul ne peut stopper. Dans le contexte international qu’elle subit, l’Union
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Européenne
accepte les cmpromis. Elle s’est donné trois objectifs pour contribuer à la mise
en place de politiques d’accompagnement : le premier est de garantir la primauté
d’accords multilatéraux, gages de transparence et de non discrimination, puis
de viser à rassembler l’ensemble des États dans un système commercial mondial
permettant d’aborder une régulation du marché valable pour tous les pays et non
pour les seules puissances commerciales de la planète ? En.n il s’agit d’élargir
le champ de la régulation mondiale en prenant en compte des règles de commerce,
les questions sociales et environnementales. »« Notre ambition de maîtriser, a
été, je crois, marquée et reconnue. » C’est ainsi que M Pascal Lamy résume pour
2003 le bilan de son action en qualité de commissaire européen chargé du commerce
extérieur. C’est à sa personnalité que l’on doit la reconnaissance de l’ambition
européenne de faire primer le droit sur les lois anarchiques du marché. En pleine
crise irakienne, il fait condamner les États-Unis à une amende gigantesque (les
producteurs américains d’aciers béné.ciaient de subventions indirectes par le
biais d’une exonération .scale). M. Pascal Lamy pourrait devenir le prochain président
de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce),seule instance de régulation des
échanges mondiaux, qui a succédé aux GATT en 1995, à l’instigation de l’ Union
Européenne. |
Quels
résultats peut–on espérer de la stratégie européenne ? «
Sans l’adoption du traité constitutionnel, les perceptives sont très minces »,
répondra sans ambages le professeur Molina del Pozzo. Alors, comment prôner une
maîtrise juridique de la mondialisation quand le cadre démocratique institutionnel
peut être rejeté par le pays des droits e l’Homme ? Comment se faire les champions
du développement durable, dans le respect de la personne humaine, si ce texte,
qui le garantit, était refusé par les Européens eux-mêmes ?
La
nation seule est un refuge illusoire. Dans ce monde dif.cile, violent, souvent
menaçant, mais de plus en plus interdépendant, l’Europe essaie d’organiser la
gestion commune des richesses. « Unie dans sa diversité », l’Europe offre un espace
à l’échelle planétaire pour assurer un essor économique sur les bases d’un commerce
ouvert et équitable. Et de permettre notre action dans le monde tout en sauvegardant
notre pensée. Elle est pour le monde entier un exemple et un pôle d’attraction.
Sera-telle rejetée par ceux-là mêmes qui l’ont conçue ? Réponse le 29 mai 2005,
avec les résultats du référendum sur « le traité dé.nissant une constitution pour
l’Europe ».
M.B.
*
Présidente du Comité Européen Marseille. ** Jacques Bourrinet, professeur émérite
à l’Université Paul Cézanne, ancien Directeur du Centre d’Études et de Recherches
Internationales et Communautaires. Francesco Carlos Molina del Pozo, professeur
de Droit Administratif et Communautaire à l’Université Alcala de Henares à Madrid.
Blandine Pellistrandi, Chef de la Représentation à Marseille de la Commission
Européenne, a été pendant six ans collaboratrice du Commissaire Européen P. Lamy.