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DEJA
SUR MARS | N°
002 - AVRIL 2005 

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-814
logements répartis dans 8 bâtiments |
-30%
de logements vacants | -5
Copropriéts verticales, 1 horizontale |
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1 million d’euros de dettes cumulées pour l’ensemble des copropriétés |
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Environ 5.000 habitants | -
60% de moins de 20 ans | -
60% de chômeurs |
- 80% de chômeurs chez les 16/25 ans |
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21% des propriétaires occupants |
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Impliquer
les habitants dans la sauvegarde du patrimoine immobilier 1992/1996,
la cité est surpeuplée – 5.000 personnes en 2 000 – et la dégradation des conditions
d’habitat alarmante. Les premières tentatives de réhabilitation sont entreprises.
Les pouvoirs publics mettent en place un régime d’aide à la réhabilitation. | |
Des propriétaires
toujours récalcitrants Avis unanime : « Rien à voir avec la situation d’il y a
quelques années ». Des cages sont démollies, histoire de dédensi .er, créer des
voies, une .uidité de circulation entre la cité et le reste du quartier. Le gros
des logements est rénové. Des façades sont ravalées. La cité fait peau neuve.
Seule épine: quelques propriétaires non occupants, fameux marchands de sommeil,
rechignent toujours à mettre la main à la poche. Comment les y amener ? C’est
encore à voir. Pour l’heure, Logirem, désignée coordinateur du Plan de Sauvegarde
par le préfet, compte cette réhabilitation parmi ses meilleures réussites. Représentant
cette société d’HLM, créée en 1960, Pierre Benaroche, en collaboration avec l’Amicale
des habitants, tient réunion ouverte, une fois par mois, avec les locataires et
propriétaires occupants (lire article de G. Andreux). À l’ordre du jour de chaque
rencontre : l’état d’avancement des travaux, remarques et propositions de ces
derniers… Il souligne toutefois : « Ces réunions sont plus pédagogiques qu’autre
chose. Nous
avons .ni par comprendre qu’il suf- .sait d’expliquer la .nalité de chaque opération
et la démarche nécessaire à sa mise en oeuvre pour que les gens y adhèrent et
la soutiennent. Et ça marche. On en est la 51ème réunion, chacune sanctionnée
par un PV engageant les uns et les autres. » Pour Logirem, l’implication des habitants,
par l’entremise de l’Amicale notamment, semble avoir été le .l conducteur de toute
l’opération. |
Mais la copropriété complique l’affaire. La rentabilité locative, pratiques douteuses
aidant, rend les propriétaires totalement sourds aux offres de subventions. Seule
une avance .nancière de la Ville permet néanmoins de .nir les travaux engagés
sur le bâtiment C. La tour en l’occurrence, qu’il paraissait urgent de ravaler.
Et pour cause : visible depuis l’autoroute A55, c’est la première image que présente
Marseille à ses visiteurs. Pour le reste, des sociétés anonymes immobilières avaient
été créées, intégrant un certain nombre de logements cédés par leurs propriétaires.
Mais celles-là non plus, prétextant le montant impressionnant des dettes liées
aux charges – 6,5 millions de francs dont 5 à la seule société des eaux –, ne
jouent pas le jeu. Et les syndics clament : « C’est tellement pourri qu’on n’y
peut rien. » Et de prétendre : « seul et unique salut : les fonds publics ! »
Jean-Marc Dominici,par ordonnance du tribunal en date du 11 septembre 98, succède
à l’ancien syndic pour le batiment A. Il est nommé ensuite administrateur juridique
pour gérer les parties horizontales, voies etc. Lui et Me Benoît Candon, constitué
à la même époque par des habitants, ont dû faire la paire un bout de temps. L’avocat
se rappelle: « Certes, les dettes étaient énormes mais il y avait quand même des
rentrées, à savoir les loyers, dont les allocations CAF, qu’on pouvait toujours
récupérer pour investir dans des travaux de réparation. Il fallait faire du porte
à porte pour décider les locataires à nous con.er les montants de leurs loyers.
Pour les versements CAF, il fallait l’accord des locataires et des actes de subrogation,
qu’on a .ni par obtenir. » Pour
autant, le Parc Bellevue ne promet pas de muer tout seul. Le délabrement étant
plus qu’avancé, les pouvoirs publics frappent fort. Les sociétés anonymes immobilières
sont liquidées et Jean-Marc Dominici est chargé de trouver acquéreur. Ce sera
Logirem et Marseille Habitat. Juillet 2000 en.n, le préfet des Bouches-du-Rhône,
à partir d’un engagement de toutes les collectivités à s’unir pour aider au redressement
.nancier et social du Parc Bellevue, lance, par arrêté, le Plan de Sauvegarde.
Le plus important jusqu’à présent en France: 28 millions d’euros. Prévue d’abord
sur une période deux ans, le plan sera prolongée jusqu’en 2005. On y est. | |
Mais pas seulement.
Pierre Benaroche toujours : « Depuis le début des travaux, une trentaine d’emplois
aidés, pro.tant à des jeunes du quartier même, ont été créés sur le chantier.
» C’est le côté social qui apparaît. « Question emploi, on ne peut aller au-delà
d’une certaine limite. » Il reste quand même à prévoir la suite, une fois tous
les travaux .nis.
«Toi, qui présentes bien en apparence...» Une préoccupation est d’ores
et déjà présente dans l’esprit des cadres de Logirem : comment maintenir la résidence
en l’état. Pierre Benaroche parle d’un plan d’accompagnement, actuellement en
cours de conception, qui aurait, en quelque sorte, un caractère préventif. À défaut
de détails, il se résumerait ainsi : anticiper les dérives par une écoute de tous
les instants en tâchant de résoudre les problèmes à la base, dès leur apparition.
Une démarche certes nécessaire. Mais est-elle suf.sante ? Entre autres habitants
du quartier, Farid, épicier, parce qu’il dit voir loin, est un tantinet sceptique
: « On retape les murs, c’est une bonne chose. Mais le problème est plus profond
que ça. Il faut s’occuper de l’humain. Il ne faut pas se voiler la face : il existe
une discrimination.
Et c’est là que les gens attendent les politiques. la discrimination, sinon dire
des mots. Et les discours .nissent À cette vision globale de la réhabilitation,
qui prend en compte la dimension politique, toujours, une autre catégorie d’avis
mettant en cause le manque de civisme de certains… Le lendemain de la réunion
avec les habitants, promenade à travers la cité. À l’entrée de la tour C, un habitant,
la cinquantaine passée, prend l’air. On ne croirait pas que le bâtiment a été
rénové en 96. Les murs de la cage sont surchargés graf.tis. On risque : « C’est
un bâtiment déjà retapé ? » Et l’homme, qui a remarqué notre étonnement : « Hélas,
oui !… » Puis, de déballer en arabe un vieux proverbe de làbas en apparence, comment
es-tu réellement de l’intérieur ? » Une manière de dire que, de toutes les façons,
rien n’aboutirait pas à se prendre soi-même en charge. S.Z. |
par Guillaume ANDREUX
Jeudi
17 mars, pour la 51ème fois les habitants de la cité du Parc Bellevue se sont
réunis pour une concertation publique. Comme chaque mois, il s’agit de discuter
de l’évolution du plan de réhabilitation du quartier.
CETTE
RÉUNION
de concertation est en principe ouverte à tous les habitants de la cité mais ceux-ci
n’ont pas été nombreux à se déplacer, et le local n’est pas grand. Accrochés aux
murs : dessins, plans et photos du quartier avant et après les travaux. Une feuille
circule, chacun inscrit son nom. M. Benaroche de la LOGIREM, un des deux maîtres
d’ouvrage - l’autre étant Marseille Habitat -, préside la réunion. Rapidement
les échanges s’installent. Mustapha, président de l’Amicale des locataires, ainsi
que Rabah, de la même structure, prennent successivement la parole. Après une
brève discussion au sujet du centre social et des problèmes du stationnements,
le débat s’engage sur l’avance réelle des travaux. Il va être question prochainement
de voter des dispositions dans ce sens-là concernant les batiments D et E. C’est
Violette, une locataire de l’un de ces bâtiments qui soulève le problème principal.
A savoir : le peu (ou l’absence totale) d’entrain des « marchands de sommeil »
- plus de la moitié des copropriétaires - à s’engager dans la rénovation. Parce
qu’on ne peut réhabiliter un batiment à moitié seulement, la question est de savoir
comment amener ceuxci à mettre la main à la poche. |

Une
rencontre mensuelle avec les habitants Ph. A. ZIANE |
Magali Launay, représentant le Collectif Inter-copropriétés, une association
vieille de deux ans qui a pour but d’informer sur tous les problèmes liés à la
copropriété, est présente pour apporter un début de réponse. Elle est vite coupée
par Violette, qui objecte : «Il n’y a pas que les dégradations. Il y a aussi les
problèmes de comportement. Il y aura toujours des personnes pour jeter des poubelles
par les fenêtres. Même après la réhabilitation». Et c’est justement le cœur du
sujet qui permet à Magali Launay de présenter le document en question, réalisé
par le collectif et ESF Services. C’est un livret de 19 .ches d’informations générales
et pratiques, dont l’idée maîtresse est ainsi résumée : « L’amélioration du cadre
de vie sur nos copropriétés repose avant tout sur les habitants. » Pendant que
Mustapha distribue les .ches du livret , Violette se rappelle, avec nostalgie
: « Avant on pouvait voir des .eurs aux balcons ». Il n’en faut pas plus pour
que les discussions se poursuivent en petits groupes, dans tous les sens. Et c’est
l’occasion pour M. Benaroche d’aborder, sur la question de la réhabilation, un
volet autre que les travaux proprement dit : « La réhabilitation n’est pas tout.
Il faut réapprendre à vivre dans le respect des autres et des biens. Après une
dizaine d’années de dégradation continue, cela prendra du temps ». Et d’annoncer
la mise en œuvre, une fois les travaux .nis, d’un plan qui dé.nirait une démarche
impliquant tous les acteurs sur les moyens et la façon d’entretenir et de maintenir
en l’état le cadre de vie. G.A. |
La
suite du reportage :    
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