LE
CINEMA ET SA DIFFUSION : DE L'IMPORTANCE DES PETITES SALLES
VU
LE NOMBRE
croissant de chaînes de télévision et la démocratisation de l’outil cinématographique,
mais aussi la multiplication et la performance grandissante de la technologie,
la production de films, tous genres confondus, croît d’une manière considérable.
Mais la richesse de la production, quel que soit le genre d’ailleurs (divertissement,
documentaire, expérimental, fiction, animation, film d’art, etc.) contraste avec
la pauvreté de la diffusion. Il est difficile aujourd’hui de voir certains types
de films près de chez soi, tandis que le paysage audiovisuel ne nous offre pas
beaucoup de diversité, loin de là...
LE
CINÉMA reste le meilleur moyen de voir un . lm. Mais il faut savoir que les
cinémas ne projettent qu’une in. me partie des . lms. Ils sont d’ailleurs dans
l’obligation de ne projeter que des . lms pellicules, les formats vidéos étant
pour l’instant interdits de salle. Donc pas de projection possible pour un . lm
s’il n’a pas de budget conséquent, S’il n’est pas « gon. é » en 16 ou 35mm. Et
même si celui-ci a la chance de sortir en salle, encore faut-il qu’il ait de bons
atouts. Des réalisateurs, qui s’investissent plusieurs années sur le même projet,
voient le fruit de leur travail gâché par un système de distribution qui ne leur
laisse pas le temps de montrer leur film. Et même si le réalisateur est connu,
voire reconnu, on ne lui accordera, la plupart du temps, qu’une semaine ou deux
dans une salle de la capitale. Pas étonnant qu’à Marseille on attende toujours
la projection du dernier Godard. Parmi les plus gros diffuseurs, les télévisions
ont, au fil des années, imposé leurs lois aux productions, dé. nies plus selon
les comportements du spectateur que par la valeur de l’œuvre en soi. Des études
d’ordres psychologique et sociologique sont faites uniquement pour des raisons
marchandes. La forme est plus importante que le fond. « Il faut rendre le cerveau
humain disponible pour aider Coca Cola à vendre son produit » clame P. le Lay,
PDG de TF1. Donc pas de diffusion possible dans des circuits classiques si l’on
ne se plie pas aux lois du marché. Autant dire que 80% (chiffre avancé) de la
production cinéma vidéo ne sont quasiment jamais vus. Alors, où voir ces . lms
? À Marseille, des réseaux parallèles et des associations plus ou moins subventionnées
permettent d’accueillir des réalisateurs lors de séances spéciales. Tel le Week-End
organisé en février par «Montevideo» en collaboration avec « Les Variétés », «
Vidéodrome » et le « Daikiling » pour accueillir Antoine La PALIERE et comprendre
un autre cinéma, ou cet autre WE organisé par le « Théâtre Actuel Sandrine MONIN
» présentant une rétrospective des . lms de Peter WATKINS, auteur reconnu mais
régulièrement censuré, même par les médias. D’autres associations défendent à
leur manière le droit de diffusion, comme « Polly Maggoo », spécialisé dans la
diffusion de cinéma expérimental de . lms d’art, ou encore l’association « Film
Flamme » qui propose gratuitement des séances d’œuvres actuelles (généralement
en présence du réalisateur) dans sa propre salle. Comme a pu le faire également
le collectif de « L’Atelier 7 », jusqu’à ces dernières semaines, uniquement par
amour du cinéma. Mais la liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Des réseaux
dont on ignore encore l’importance vivent, pour ne pas dire survivent, uniquement
par amour pour l’image animée et la volonté de développer une culture mise à l’écart
dans notre société. Des circuits parallèles dont on ne se rend pas encore compte
de l’importance se développent pour diffuser le cinéma d’aujourd’hui. L’objectif
de tous ces réseaux-là est de pousser le spectateur dans des salles vouées en
premier lieu au théâtre ou à d’autres arts. Il faut transformer les habitudes
du spectateur, le rendre plus attentif à l’information locale. Alors, n’hésitez
pas à venir participer à ces séances organisées régulièrement par ces associations
(et bien d’autres) dans la cité. Elles présentent tout ce qui n’a pas de droit
de... cité, simplement parce que ça « gêne » ou n’a pas d’intérêt marchand. Ce
n’est pas parce qu’il s’agit d’une petite structure qu’il faut en déduire « petit
spectacle ».
J.C.C.